Comment et pourquoi Air France consulte ses salariés
BFM Business s’est procuré le questionnaire envoyé par la direction aux salariés d’Air France. Une vaste consultation qui vise à élaborer un nouveau plan de réformes sans braquer les équipes et les syndicats.
Les salariés d’Air France font l’objet d’une vaste consultation entamée la semaine dernière. BFM Business s’est procuré le questionnaire auquel ils sont invités à répondre, ainsi que le courrier qui l’accompagne, signé de Jean-Marc Janaillac, le PDG d’Air France KLM.
Le successeur d’Alexandre de Juniac y explique que lorsqu’il a pris ses fonctions début juillet, il a constaté "une perte de confiance entre les différentes catégories de personnel, entre le management et les équipes, entre la direction et les syndicats". Objectif donc : recréer la confiance en associant toute l’entreprise à l’élaboration de "Trust Together", le nouveau plan stratégique de la compagnie.
Anonymat et volontariat
Le questionnaire est anonyme, facultatif et plutôt court. Sur les huit questions qu’il comporte, cinq concernent la vision que les salariés ont de la compagnie, les trois dernières concernent la situation de l’employé.
Celles qui concernent la vision stratégique de l’entreprise sont essentiellement des questions ouvertes. Par exemple : "Comment décririez-vous la situation du groupe, ses points forts et ses points faibles, que ce soit sur l’état d’esprit des collaborateurs et des équipes mais aussi sur l’activité du groupe et sa performance économique ?"
Une seule question propose une série de réponses fermées : "Aujourd’hui dans le contexte actuel, êtes-vous confiant dans les capacités du groupe Air France et de ses équipes à aller de l’avant et surmonter les difficultés actuelles". Le salarié doit choisir entre cinq propositions : "Oui tout à fait", "Oui plutôt", "Plutôt non", "Pas du tout" et "Ne sait pas".
Le nouveau directeur mise sur cette consultation pour évaluer avec précision le climat social de l’entreprise. Et surtout le seuil maximum d’acceptabilité. Le management cherche en fait à savoir à quel niveau d’efforts les salariés sont prêts avant d’envisager la grève. "C’est la méthode idéale pour faire passer des réformes sans mettre le feu à la maison", assure un spécialiste des ressources humaines. Une éventualité qui constituerait un tour de force : faire passer une réforme sans grève serait une première au sein de la compagnie aérienne française.
Méfiance des syndicats
Mais la méthode suscite déjà la méfiance des syndicats. Un représentant du personnel soupçonne ainsi Jean-Marc Janaillac de chercher à les discréditer. Il craint que le PDG se serve des résultats de cette consultation aux prochaines négociations pour signifier aux syndicats que leurs revendications ne sont pas celles des salariés.
Ce questionnaire a été envoyé à un peu plus de 50.000 personnes. C’est-à-dire les salariés d’Air France et ceux de ses filiales comme Hop et Transavia. Les salariés de KLM ne sont pas concernés par cette consultation. Un autre questionnaire beaucoup plus axé sur la stratégie de l’entreprise a été envoyé aux 500 cadres d’Air France. Le nouveau plan stratégique de Jean-Marc Janaillac sera présenté le 2 novembre prochain.